11 septembre

Ils sont tous deux montés du village en dessous de Bagimont, où ils ont franchi la frontière.
Rimbaud aimait le faste de ces forêts, les trous de verdure, le  » petit val qui mousse de rayons ».
Verlaine suivait. Lui, il aimait l’ « ange en exil (…) aux yeux d’un bleu pâle inquiétant ».
Ils ont traversé le hameau, en évitant poules, bouses et flaques de boue. Ils ont contourné la chapelle Saint Jean-Baptiste et continué, vers l’est, par les collines, au milieu des champs.
Au village suivant, ils ont pris, pour quelques jours, une chambre à l’hôtel. L’hôtel Bourguignon. Une belle bâtisse, près de l’église, en schiste et pierre de France.
Amours scandaleuses. C’était au début des années 1870.
L’hôtel a été démoli cette semaine. Ce 11 septembre 2011, il n’en reste rien.
Ainsi vont les choses sur Terre.

 

Enfin, ô bonheur, ô raison, j’écartai du ciel l’azur, qui est du  noir, et je vécus, étincelle d’or de la lumière nature.  De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible
(Rimbaud. Alchimie du  Verbe dans Une Saison en Enfer)
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.
Extrait Le Bateau Ivre http://www.mag4.net/Rimbaud/poesies/Bateau.html

Un commentaire pour “11 septembre”

  1. la vie est faite comme cela, on construit et après on demolit et il ne reste plus rien. heureusement que pour ce qui est écrit tout reste !!

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