Le feu à l’église de Bagimont (1896)

Un jour que je me rappelerai toujours, alors que j’avais cinq ans, et la Kermesse à Bagimont est le dimanche d’apres le 24 juin, la Saint Jean.

C’était encore une vieille église et le toit sans chéneaux était à environ 4 à 5 mètres du sol et des ardoises tout autour où des moineaux faisaient leurs nids derrière et les petits criaient. Et nous gamins en jetant des cailloux, nous avons cassé de ces ardoises et l’on voyait les nids et les petits; mais nous ne savions pas les avoir. A la kermesse, il y avait une vieille femme, la mère Boquette, de Chairière, qui vendait des pétards. J’en achète un gros pour un sou et pour faire peur aux petits moineaux et aux martinets, je mets le pétard au bout d’une perche et un autre gamin allume le pétard, et comme il mettait longtemps avant de faire explosion, je mets le pétard près des nids qui étaient en paille. Tout à coup, voilà la paille en feu et les nids qui brûlaient et une fumée noire qui sortait du toit de l’église qui était en feu .

Nous nous sauvons et voilà que l’on crie : « au feu à l’église ». Heureusement que les hommes sont arrivés avec des échelles et des seaux d’eau et des hachettes pour démolir un coin du toit. Voilà le feu qui était éteint et les hommes se demandaient qui avait mis le feu et les autres gamins de dire : c’est le Paul Melasse avec un pétard au bout d’une perche.

Je m’etais sauvé dans les jardins et je n’étais pas rentré chez nous, mais comme je sentais qu’il y avait de la galette à la maison, je me hasarde à rentrer et ma mère m’empoigne et me fait aller coucher sans prendre le café ni souper pour ma punition. Quelle raclée que j’ai eu de mon père, je vous assure que je ne pouvais plus mal de recommencer. La commune fit réparer le toit mais ne nous fit rien payer et il y avait des hommes qui avaient leurs plus beaux habits qui étaient abîmés par l’eau et les échelles. L’on ne m’avait plus donné de sous pour la fête alors je me promenais d’une boutique à l’autre.

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Extrait repris ici tel que publié de La vie et les mémoires d’un paysan ardennais Tome 1 de Paul Manil 
Edité par l’auteur entre 1962 et 1965
Paul Manil est né le 10 août 1890 à Bagimont.

Livres rares aimablement prêtés par Nadine Nicolas, de Bagimont

 

 

 

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